Selon des témoignages concordants, quatre engins explosifs auraient été lancés par les Forces de l’ordre sur des reporters en train de faire des interviews entre eux, sans aucune raison apparente ni menace imminente. "Depuis le début des manifestations, parmi nos collègues, nombreux sont ceux qui ont été victimes d’intimidation, visés à la kalachnikov, giflés, matériels confisqués et autres exactions," confie un reporter. "Cela sans distinction de genre ni d’appartenance de ligne rédactionnelle. Pourtant, dans ce genre d’événements, c’est vers les Forces de l’ordre que les journalistes sont censés trouver la sécurité."
Mis à genoux
Le cas de la journaliste Mendrika Razafindratsima et de son caméraman de la Real TV est particulièrement édifiant. La première a été mise à genoux, brutalisée et pour le second son matériel a été endommagé malgré le respect scrupuleux de la distance de sécurité alors qu’il était du côté du tunnel d’Ambanidia pour un direct. "A mon avis, c’était un acte délibéré," déplore-t-il, le regard encore marqué par l'agression. "On espère que ce n’est pas un ordre qui vient d’en haut mais une initiative personnelle." Pourtant, la loi est claire : la destruction ou la confiscation du matériel des journalistes est explicitement interdite. Face à cette escalade, le président de l'Ordre des journalistes, Monica Rasoloarison, s'est rendue sur les lieux dans la soirée. Elle a fermement condamné ces agissements, les qualifiant de "violation de la liberté d'exercer le journalisme." Elle a réitéré que les journalistes ont le "plein" droit de couvrir ces événements et bénéficient de la protection des Forces de l'ordre, un droit fondamental tant pour les professionnels de l'information que pour les citoyens avides d'informations véridiques, essentiels dans tout Etat de droit et démocratique. L'Ordre des journalistes lance un appel urgent à la cessation de cette violence à l'encontre de ses membres et demande que toute la lumière soit faite sur ces agressions.
Nikki Razaf